Ukraine: Veille du “deuxième tour” rejoué des élections présidentielles
Courrier Ukraine, nouvelle série n° 1, 23 décembre 2004.
Veille du “deuxième tour” rejoué des élections présidentielles, le 26 décembre:
des questions…
Sur les événements en Ukraine, plusieurs questions nous sont posées:
- Vers l’épreuve de force ou le compromis ?
Nous en restons à l’hypothèse du compromis.(Cf notre article du 8/12)
Les sondages confirment que Viktor Iuouchtchenko est en train de maximiser un formidable bénéfice au triple ressort:
- la mobilisation populaire à l’Ouest, certes bien encadrée et stimulée par les ONG et autres forces financées par les Etats-Unis, mais fondées sur le fort ressentiment qu’inspire le régime Koutchma et ses méthodes. Or, ce mouvement a fait impression à l’Est et au Sud où, malgré les différences d’intérêts, le désir de libertés et l’attrait du modèle occidental sont également forts.
- Le vaste soutien international : EU, UE, médias. Autrement dit, le monde riche, “qui pèse”, face auquel la Russie fait pâle figure.
- Le “lâchage” par Koutchma du candidat des régions de l’Est, Viktor Ianoukovitch, placé dans une position humiliante, obligé de quémander une place dans un gouvernement de “réconciliation nationale”, avouant donc sa défaite avant même le scrutin, au point qu’on se demande pourquoi il se maintient !
En même temps, le vainqueur orange sait qu’il devra faire d’importantes concessions à l’Est, aux russophones, s’il veut préserver les principales sources de richesse nationale (bassins industriels de l’Est) et l’unité du pays. Et à la Russie, qui détient les robinets du gaz et du pétrole, et où Vladimir Poutine semble avoir choisi un profil bas.
On ne peut bien sûr prévoir ce que sera la dynamique post-électorale, le triomphalisme des orangistes, le dépit et les ressentiments des perdants, convaincus d’être victimes d’un coup de force supra-national.
- Sur les relations entre Iouchtchenko et l’extrême-droite nationaliste qui le soutient, sur l’idéologie de celle-ci, ses actions récentes. Un courrier suivra à ce propos.
- Sur l’Histoire, les “réhabilitations” des mouvements nationalistes, des SS, de l’Eglise gréco-catholique uniate accusés par l’URSS et en Russie ou en Ukraine de l’Est de “fascisme” et de “collaboration avec les nazis”. Nous avons déjà diffusé des documents sur ce thème. D’autres nous sont parvenus. Nous hésitons à poursuivre ce déballage d’une Histoire très complexe, d’une controverse à fleur de peau.
“Fascisme” ukrainien d’hier et “fascisme russe” actuel.
Une chose est certaine: selon les thèses qui ont cours à l’Ouest et à Kiev, de même que dans TOUTES les publications occidentales publiées récemment (livres, revues, y compris de gauche, nous l’avons souligné) ces accusations sont soit ignorées comme négligeables, soit rejetées, soit très relativisées: il n’y a eu ni “fascisme” au sens propre ni “collaboration” systématique. Spécialement en ce qui concerne l’Eglise uniate. On insiste davantage sur la famine stalinienne des années trente, la terreur soviétique contre les partisans nationalistes et contre l’Eglise uniate après 1945.
Ce qui est mis en question aujourd’hui, pour reprendre l’expression d’un célèbre écrivain belge dans “Le Soir” (Bruxelles) il y a quelques jours, c’est- derrière l’empoisonnement de Iouchtchenko – “le fascisme russe”. Un “fascisme” qui est donc actuel, lui.
Est-il nécessaire de revenir sur ces polémiques ? Nous posons la question.