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Les droits de la personne � l'Am�ricaine

par Zehira Houfani

Projet Solidarit� Irak, 4 ao�t 2003
www.globalresearch.ca 22 ao�t 2003

Le URL de cet article est: http://globalresearch.ca/articles/HOU308A.html


Depuis que les �tats-Unis se sont appropri� leur p�trole, les Irakiens survivent de charit�

Plus de 4 millions d�Irakiennes et Irakiens ont perdu leur emploi suite � l�invasion de leurs pays par les Etats-Unis. Pour �valuer l��tendue du drame que repr�sente ce chiffre, il faut le multiplier par cinq pour avoir les 20 millions d�Irakiens (femmes et enfants) qui survivent de tout et de rien dans l�indiff�rence des nouveaux ma�tres de l�Irak, occup�s � leur strat�gie de pillage et de sous-traitance du pouvoir dans ce pays.

Depuis les premiers bombardements � ce jour, soit pr�s de 6 mois, les travailleurs et leurs familles sont sans ressources et leur situation se d�t�riore de jour en jour. Pour revendiquer dans ce qu�on appelle pompeusement le �new Irak�, ils ont cr�� l�Union des travailleurs sans emploi. Cette organisation a fait de nombreuses d�marches aupr�s des forces d�occupation, sans le moindre r�sultat. Elle a une nouvelle fois mobilis� ses membres pour une autre manifestation ce mardi 29 juillet sur la rue Abou Nouas. Le rendez-vous a eu lieu dans l��difice d�une ancienne banque br�l�e durant la guerre, et dans laquelle le parti communiste irakien a �lu domicile.

D�ailleurs, les travailleurs sans emploi n��taient pas seuls � ce rendez-vous. D�autres groupes d�action, tels l�Organisation pour la libert� de la femme irakienne, le Syndicat des travailleurs irakiens, entre autres, sont venus les soutenir. Il y avait une grande effervescence tout autour des locaux du parti. Environ 800 personnes rassembl�es par petits groupes animaient la rue, tandis que dans les bureaux, � l�int�rieur de l��difice, se d�roulaient des entrevues et autres rencontres avec les journalistes venus couvrir l��v�nement. On finissait de pr�parer pancartes et slogans.

�C�est la 8e manifestation que nous faisons depuis le 1er mai 2003�, d�clare Kacem Madi, secr�taire g�n�ral de l�Union des travailleurs sans emploi. Il soutient que cette action sera diff�rente des 7 autres qui l�ont pr�c�d�e. Les manifestants sont pr�ts � poursuivre leur action jusqu�� l�obtention de leurs droits, c�est-�-dire un emploi ou une allocation de ch�mage. En r�alit�, ils savent tous qu�ils n�auront pas d�emploi, puisque toutes les infrastructures qui ont �t� d�truites par l�arm�e �tasunienne sont rest�es en l��tat. Et m�me les commer�ants ne peuvent plus travailler du fait des bandits et autres voleurs qui les d�pouillent de leur marchandises en chemin. Pour tous ces travailleurs, l�Union demandent une allocation ch�mage jusqu�� ce que les forces d�occupation r�tablissent la s�curit� et l�emploi en Irak.

Il n�y a pas encore de statistiques pour savoir exactement combien d�Irakiennes et d�Irakiens ont perdu leur emploi du fait de la guerre. Selon Kacem, il y en aurait environ 4 millions. Parmi eux, une grande majorit� qui ne dispose d�aucun revenu depuis six mois. �C�est en soi une v�ritable trag�die pour ces familles qui ont d�j� tant perdu dans cette guerre�, souligne Kacem Madi.

L�Union qu�il repr�sente a organis� 8 manifestations pour les m�mes revendications: un emploi ou une allocation de ch�mage. �� chaque manifestation, raconte-t-il, les repr�sentants des forces d�occupation nous re�oivent, discutent avec nous, nous promettent de r�gler le probl�me, mais, toutes les fois, les promesses ne sont pas tenues et nous sommes oblig�s de descendre � nouveau dans la rue�. Du Major Patterson � David Jones (du programme p�trole contre nourriture) en passant par d�autres responsables am�ricains, militaires et civils, l�Union n�a rien obtenu que des promesses sans lendemain. D�o� le changement d�cid� dans son programme d�action.

La manifestation de ce mardi a lieu sous une chaleur torride et les manifestants, nullement d�courag�s, criaient des slogans pour la d�mocratie, l�emploi et la fin de l�occupation. La manifestation s�est ensuite dirig�e au si�ge du Conseil �qu�on appelle commun�ment El-Beit Al-madani. Pendant pr�s d�une heure les manifestants ont scand� leurs slogans devant l��difice gard� par les soldats am�ricains �quip�s d�artillerie lourde. Plus tard, la manifestation a vir� au sit-in. C��tait la nouvelle initiative introduite dans le programme de protestation de l�Union des travailleurs sans emploi. Ils avaient pris la r�solution d��tablir une tente en face de l��difice et de marquer une pr�sence permanente. Ils appellent cette action � la d�sob�issance civile�. Tout ce qu�ils eurent des Am�ricains, c�est un ultimatum �� la Bush�: Dispersez la manifestation, sinon pas de discussion!

�videmment, les travailleurs irakiens, encourag�s par la pr�sence des m�dias et les messages de soutien qui parvenaient de l�ext�rieur et surtout, instruits par les pr�c�dentes rencontres infructueuses, refusent de se soumettre et d�cident de poursuivre leur action et de camper sur le site comme pr�vu. N�est-ce pas un droit d�mocratique que de manifester pacifiquement? Pourtant, les choses vont vite virer � la dictature. � 20h30, une premi�re visite des soldats venus demander aux manifestants de quitter les lieux. Ces derniers exhibent l�autorisation de manifester qui leur a �t� accord�e et refusent d�obtemp�rer. Les 3 soldats sont repartis pour revenir plus nombreux vers 1h du matin, pendant le couvre-feu. Ils ne sont pas venus pour discuter. Ils ont envahi la tente et arr�t� toute la permanence, soit 21 personnes, qui seront emmen�es et enferm�es dans une salle. On les a rassembl�es dans un angle de la pi�ce, on les a faits asseoir au sol et on les a isol�s avec des barbel�s. Ils ont �t� d�tenus dans ces conditions, sans eau, sans nourriture jusqu�au lendemain 11 heures. �On ne pouvait m�me pas bouger, d�clare Ali Djaafri, la cinquantaine pass�e, j�avais tr�s mal aux genoux et aux jambes, mais � chaque fois que j�essayais de me mettre debout pour soulager ma douleur, les soldats me criaient " sit down! ". C��tait tr�s humiliant. � aucun autre moment de l�occupation, mon ressentiment envers les soldats am�ricains n�a �t� aussi fort. J�ai pleinement pris conscience de ma situation de colonis� et j�avais honte devant les plus jeunes Irakiens du groupe. J�aurais pr�f�r� �tre mort que de vivre cela � 58 ans�.

Amar Djaafri est l�un des 120 000 membres de l�Union des travailleurs sans emploi. Il a travaill� toute sa vie dans une administration locale qui a compl�tement br�l� apr�s avoir �t� pill�e et vandalis�e comme la grande majorit� des infrastructures de l��tat irakien. Le pays n��tait pas � la fine pointe de la technologie. Presque tout fonctionnait en version papier: universit�, administration, h�pitaux, etc. Toutes leurs archives ont p�ri dans les feux. Ce qui fait dire � Khaled, un autre travailleur sans emploi: �Aucun autre pays n�a connu le type de colonisation que nous vivons en Irak. L�arm�e �tasunienne a ras� tout ce qui constituait la vie irakienne. Nous n�avons plus de rep�res o� que ce soit.�

Par le fait de br�ler les archives d�un �tat, de d�truire l�histoire et la culture d�un peuple, les Etats-Unis, il est vrai, ont commis un crime sans pr�c�dent. Que ce soit pour les travailleurs, pour les �tudiants ou pour toute autre partie de la soci�t� irakienne, ils sont unanimes pour dire que l�avenir n�augure rien de bon. Et tous s�y pr�parent, notamment en s�organisant pour lutter contre l�occupation de leur pays. �Il y a 35 millions d�Am�ricains qui vivent dans la pauvret� et l�injustice aux Etats-Unis, c�est impensable que les autorit�s am�ricaines �tablissent une d�mocratie pour les Irakiens!d�clare Kacem de l�Union des travailleurs sans emploi�.


 Zehira Houfani (�crivain et journaliste), membre montr�alais de l��quipe Projet de Solidarit� pour l�Irak (PSI/ISP) � Copyright Zehira Houfani 2003  For fair use only/ pour usage �quitable seulement .


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