www.globalresearch.ca
Centre for Research on Globalisation
Centre de recherche sur la mondialisation

 

Le groupe GUAAM, une alliance vuln�rable et opaque?

par Lorraine Gillet 

www.grip.org , 28 f�vrier  2004
www.globalresearch.ca le 14 juillet 2004

Le URL de cet article est: http://globalresearch.ca/articles/GIL407A.html


Le monde contemporain est en plein repartage, et la nouvelle lutte d�influence a lieu en Eurasie. L�, les alignements r�gionaux et alliances strat�giques entre Etats se cristallisent, apr�s la fin du monde bipolaire en 1989-1991. Le G.U.U.A.M (prononcer gouam), une union informelle d�Etats eurasiens, reprend les premi�res lettres des noms des pays membres : la G�orgie, l�Ukraine, l�Ouzb�kistan, l�Azerba�djan et la Moldavie, cinq r�publiques de l�ex-URSS �parpill�es entre l�Europe orientale, le Caucase et l�Asie centrale. Le noyau du groupe est la G�orgie (Tbilissi), l�Ukraine (Kiev) et l�Azerba�djan (Baku).

Le G.U.U.A.M fait l�objet d�une quasi-controverse, les avis divergent et il reste des myst�res. Pour les uns, c�est une � alliance de revers � invent�e et financ�e de l�ext�rieur par les Etats-Unis, pour contrecarrer la domination russe en Eurasie. Pour les autres, c�est la main de Bruxelles qui est derri�re le groupe. D�autres encore pensent que le G.U.U.A.M. est � la fois l�acteur volontaire de sa d�marche (s�affranchir de l�influence russe) et l�objet de l�instrumentalisation am�ricaine. Mais tous se demandent jusqu�o� le G.U.U.A.M. va aller et � quoi il est vou� : restera-t-il une alliance �conomique, ou ira-t-il jusqu'� l�alliance de type quasi-militaire ?

D�abord, le G.U.U.A.M., cr�� en 1997, a deux faces : une visible, la coop�ration en mati�re de transport des ressources �nerg�tiques (p�trole et gaz), et l�autre, plus cach�e, la coop�ration militaire, sur laquelle le groupe est plus discret. Le G.U.U.A.M., qui d�fend l�ind�pendance des pays membres, remet en cause la pr�dominance de l�influence russe sur eux, influence qu�ils sentent impos�e et qu�ils refusent. Il faudra bien admettre pourtant que l�essence m�me du G.U.U.A.M. implique une dimension de s�curit� r�gionale et donc militaire, provoquant ainsi l�hydre de Moscou. Ensuite, le G.U.U.A.M. a trouv� un � parrain �, les Etats-Unis, avec qui le groupe signe des accords en 2003, apr�s plus de trois ans d�un dialogue G.U.U.A.M.-Etats-Unis initi� en 2000. Malgr� tout, on ne sait pas si le G.U.U.A.M. va fonctionner et r�ussir. Et on ne sait pas non plus qui est � son origine. 

Et si la face cach�e du G.U.U.A.M. �tait la plus importante, � la fois r�v�latrice de la situation des � conflits gel�s � dans la r�gion, et nouvelle porte ouverte en Eurasie pour les Etats-Unis ?

1) La face visible : le p�trole

Le groupe est fond� clairement comme alliance politique, �conomique et strat�gique, d�sign�e pour renforcer l�ind�pendance et la souverainet� de ses pays membres (1) . C�est un organe informel et consultatif, un forum de discussions. Il est cr�� d�abord � quatre (sans l�Ouzb�kistan), le 10 octobre 1997 � Strasbourg, en marge du sommet du Conseil de l�Europe, quand les pr�sidents Kuchma (Ukraine), Luchinsky (Moldavie), Shevardnadze (G�orgie) et Aliev (Azerba�djan) signent le � Communiqu� de Strasbourg �. Ses deux piliers de coop�ration sont l��conomie et la s�curit�.

Pour l��conomie, le document annonce l�adh�sion au projet du � corridor de transit Asie-Caucase-Europe �, le corridor TRACECA (TRAnsport Corridor Europe Caucasus Asia), pour le transport du p�trole de la mer Caspienne vers l�Europe.

Ce projet de pipeline va devenir la face visible du G.U.U.A.M.. Et d�j� l�enjeu est grand. Alors que les pays du G.U.U.A.M. sont sous la d�pendance quasi-absolue de la Russie pour leur approvisionnement ou leurs d�bouch�s en ressources �nerg�tiques, le corridor TRACECA ferait la liaison entre ces pays riverains des mers Caspienne et Noire en contournant la Russie, permettant ainsi la � s�curit� d��nergie � pour les pays membres. Le projet TRACECA permet � la fois l�approvisionnement pour les uns (Ukraine, G�orgie, Moldavie) et les routes d�exportation pour les autres (Azerba�djan et Ouzb�kistan), repr�sentant un nouvel axe de pipeline p�trolier eurasien sans passer par la Russie.

Pourtant m�me la face visible du G.U.U.A.M. est ambigu� : Le TRACECA est un projet de la Commission de l�Union europ�enne, faisant partie d�un vaste � projet parapluie � pour d�velopper des routes alternatives de transport et de commerce dans les pays de l�ancienne URSS jusqu�� l�Europe occidentale, et qui rappelle la mythique Route de la soie. Le TRACECA fait partie du projet TACIS de l�UE, avec les projets INOGATE (Interstate Oil and Gas Transport to Europe) destin� � promouvoir la s�curit� de l�approvisionnement en �nergie pour l�Europe et le BS-PETrA (Black Sea Pan-European Transport Area) qui fait liaison entre Caucase et Asie Centrale (2) . Le TRACECA va au-del� du groupe G.U.U.A.M.. Beaucoup de pays y participent, en fait les 3 r�publiques du Caucase et les 5 r�publiques d�Asie centrale depuis sa cr�ation en 1993, puis depuis 1996 l�Ukraine, la Moldavie et la Mongolie, puis depuis 1998 la Turquie, la Roumanie et la Bulgarie. (D�but 2004, on estime que les projets les plus avanc�s techniquement sur le terrain sont le projet du pipeline BTC (Baku-Tbillisi-Cehan) en Azerba�djan, G�orgie et Turquie, ainsi que le projet prioritaire en Roumanie qui concerne l�am�nagement du port de Constance sur les rives de la mer Noire.) En outre, les textes officiels du projet TRACECA ne font nulle part r�f�rence au groupe G.U.U.A.M.. Il n�y a pas de relations officielles entre l�UE et le G.U.U.A.M., seulement des relations bilat�rales entre l�UE et chaque pays. Et enfin pourquoi Bruxelles chercherait-t-elle � �viter la Russie dans ses vastes projets eurasiens de transport et d�approvisionnement en �nergie ?

2) La face cach�e : r�solution des conflits gel�s et soumission militaire

Cela dit, la s�curit� m�me du corridor de transport pose probl�me, parce qu�il traverse des pays en proie � des conflits gel�s. Et c�est l�, peut-�tre, toute la question. En effet, les pays du G.U.U.A.M. savent que le plus dur pour eux, c�est de d�fendre leur ind�pendance et leur souverainet� acquises en 1991 mais menac�es. � part l�Ukraine, le G.U.U.A.M. regroupe des pays qui ont un probl�me commun : sur leur territoire, ils font face au s�paratisme soutenu en sous-main par la Russie et � la pr�sence militaire russe. L�Abkhazie et l�Oss�tie du Sud (G�orgie), le Haut-Karabakh (Azerba�djan) et la Transnistrie (Moldavie) sont, depuis les guerres civiles de 1992, des mini-Etats de facto ind�pendants, non reconnus par la communaut� internationale. Dans les quatre cas, les n�gociations sont gel�es. En outre, les quatre r�gimes � parias � abritent des bases militaires russes et la Russie tient sous son commandement les forces tripartites pour le maintien de la paix (FMP), d�ploy�es dans les zones de s�curit� depuis 1992. Ils sont devenus des Etats-fant�mes, �chappant � tout contr�le international, et paradis des trafics clandestins, dont celui des armes.

Ces conflits gel�s fixent durablement la G�orgie, l�Azerba�djan et la Moldavie dans l�instabilit� politique permanente, dans ce que l�analyste ukrainien Paul Goble nomme � l�instabilit� gel�e � (3) . Ils deviennent ainsi des Etats faibles, vuln�rables, d�pendants de l�ext�rieur, gouvern�s par des �lites pr�datrices et corrompues, des pays en d�clin �conomique s�v�re o� la d�mocratie est faible ou inexistante. Les pays du G.U.U.A.M. per�oivent le nationalisme � agressif �, le s�paratisme et le terrorisme international comme des menaces et des risques pour la stabilit� et la s�curit� dans la r�gion. Le � Communiqu� de Strasbourg � annonce que � le processus d�int�gration dans les structures transatlantiques et europ�ennes pourrait r�duire consid�rablement ces menaces et ces risques � (4) . Le document propose de coop�rer avec l�OSCE et l�Otan, et notamment avec le Conseil Otan du Partenariat euro-atlantique (CPEA) et avec le programme Otan de Partenariat pour la paix (PpP). Un dialogue avec l�Otan sur la s�curit� r�gionale sous la formule 16+4 (les 16 de l�Otan et les 4 du G.U.U.A.M.) est propos� par le ministre az�ri, pendant la premi�re r�union des ministres G.U.U.A.M. des Affaires �trang�res le 25 novembre 1997 � Baku (Azerba�djan).

Ainsi d�s la cr�ation officielle du G.U.U.A.M., ses projets impliquent une dimension de s�curit�. Et cette dimension est d�autant plus �vidente, dans la mesure o� c�est elle qui fait �merger le groupe un an auparavant. En 1996, les quatre pays expriment ensemble pour la premi�re fois leurs probl�mes de s�curit�, � l�occasion des n�gociations sur le Trait� des forces conventionnelles en Europe (FCE) � Vienne, o� l�on discute � huis-clos de mod�les de s�curit�. L�, les quatre pays d�fendent un mod�le bas� sur le consentement libre et s�opposent � la concentration excessive de troupes russe sur leur territoire. Finalement ils obtiennent un � langage du trait� � qui pose des restrictions � l�augmentation des forces russes dans leur pays (5) . En m�me temps, les quatre pays reconnaissent le r�le majeur de l�Organisation pour la s�curit� et la coop�ration en Europe (OSCE), une des organisations de s�curit� en Europe et qui pr�side aux n�gociations de Vienne, mais ils critiquent son inefficacit� sur les violations d�int�grit� territoriale et de souverainet�. D�j� en 1996, les quatre proposent l�id�e de forces de maintien de la paix de l�OSCE, plac�es sous commandement international et non russe, pour la pr�vention et la gestion de crises.

3) Le G.U.U.A.M. et la CEI

La cr�ation du G.U.U.A.M. provoque une faille encore plus profonde dans la Communaut� des Etats ind�pendants (CEI), fond�e en 1991 sur les ruines de l�URSS avec douze pays membres (Russie, Bi�lorussie, Ukraine, Moldavie, G�orgie, Azerba�djan, Arm�nie, Kazakhstan, Ouzb�kistan, Turkm�nistan, Tadjikistan et Kirghizstan).

Le G.U.U.A.M. est le premier groupement volontaire d�Etats ind�pendants dans la zone de l�ancienne URSS et de la CEI. Les pays du G.U.U.A.M. per�oivent la Russie comme toujours plus dominatrice dans la CEI et r�sistent � tout renforcement d�int�gration aux d�pens de leur souverainet�. La CEI est dor�navant profond�ment divis�e en deux groupes : le groupe russophile et le groupe pro-occidental. La Russie n�arrive pas non plus � consolider et �tendre � l�int�rieur de la CEI sa propre alliance de s�curit�, le Trait� de s�curit� collectives (TSC), sign� en 1992 � Tachkent (Ouzb�kistan) par neuf pays membres, et qui incarne la tentative russe de restauration d�un bloc militaire. D�ailleurs le Trait� est ren�goci� en 1998 et la G�orgie, l�Ouzb�kistan et l�Azerba�djan retirent leur adh�sion. Le TSC de la CEI reste avec six membres : la Russie, la Bi�lorussie, l�Arm�nie, le Kazakhstan, le Kirghistan, et le de facto protectorat russe le Tadjikistan. La r�ussite du G.U.U.A.M. participerait � la d�sint�gration de la CEI. Et, sur une carte des axes d�alliances �mergentes, l�animation des combinaisons d�axes est �loquente (entre l��largissement � l�est europ�en de l�Otan, la tentative de solidification par la Russie du TSC, l��mergence du G.U.U.A.M. et � l �axe � des 4 mini-Etats parias) : on y voit le jeu d�encerclement et de contre-encerclement � l��uvre entre Washington et Moscou. Le groupe G.U.U.A.M. serait-il une � contre-alliance � organis�e de l�ext�rieur, donc une alliance masqu�e, op�rant au sein m�me des syst�mes d�alliance vis�s : la CEI et le TSC ?

En 1999 � Washington, le G.U.U.A.M. devient le G.U.U.A.M., avec l�adh�sion de l�Ouzb�kistan, pays de la mer Caspienne producteur de p�trole, frontalier de l�Afghanistan, et qui se sent en 1999 menac� par l�instabilit� que le r�gime des Talibans � Kabul provoque dans la r�gion. Les cinq pr�sidents du G.U.U.A.M. signent le 24 avril 1999, en marge du Sommet des 50 ans de l�Otan, la � D�claration de Washington � qui consolide le groupe et officialise l�adh�sion ouzbek. L�adh�sion ouzbek au G.U.U.A.M. � l�occasion du sommet de l�Otan est significative, car elle co�ncide avec les ren�gociations sur le Trait� de s�curit� collective (TSC) de la CEI. La D�claration rappelle les projets de coop�ration pour le corridor eurasien et avec l�Otan, qui sont �nonc�s en 1997. Elle y ajoute le projet de forces G.U.U.A.M. pour le maintien de la paix. En ao�t 1999, la Russie, de son c�t�, exprime la premi�re fois officiellement sa col�re et son hostilit� envers le G.U.U.A.M., par la voix de son ministre des Affaires �trang�res Igor Ivanov, qui d�clare que le G.U.U.A.M. est une � organisation politique qui tend � �voluer en une union politico-militaire � (6) . Le groupe G.U.U.A.M. le nie, mais de toute �vidence, il se peut qu�il poursuive des buts militaires (7) .

L�ann�e suivante en 2000, le groupe trouve son � parrain �.

4) Le d�but du dialogue G.U.U.A.M.-Etats-Unis 

La signature pr�sidentielle du � M�morandum de New York �, le 6 septembre 2000 en marge du sommet de l�Onu, fait faire au G.U.U.A.M. un progr�s sans pr�c�dent. Le M�morandum ent�rine le � Communiqu� de Strasbourg � et la � D�claration de Washington �. On discute aussi de la pr�paration du premier sommet officiel des chefs d�Etats du G.U.U.A.M. pr�vu pour 2001, en vue d�institutionnaliser l�organisation. Cette ann�e-l�, les cinq trouvent leur futur � parrain �. Ce n�est ni l�Otan, ni l�OSCE et encore moins l�Onu ou l�UE. L�Otan, et notamment le CPEA Otan, n�ont pas voulu directement agir. Pourtant, l�Otan d�clare en juin 2000 son soutien au G.U.U.A.M., par la voix de son secr�taire g�n�ral George Robertson dans une interview par Radio Free Europe (RFE), et le G.U.U.A.M. fait de l�Otan une � r�f�rence-m�re �. � La m�re naturelle du G.U.U.A.M. est repr�sent�e par les n�gociations sur le TFCE et notre m�re d�adoption est l�Otan �, d�clare l�ambassadeur g�orgien aux Etats-Unis lors d�un s�minaire sur le G.U.U.A.M., organis� en mai 2000 par l�universit� de Standford et RFE (8) . Devant l��mergence du G.U.U.A.M., un seul pays, mais une m�ga-puissance plan�taire, va agir et initier un dialogue : les Etats-Unis. Le M�morandum de 2000 pose d�ailleurs explicitement les Etats-Unis comme partenaire strat�gique.

En d�cembre de cette ann�e 2000, un � cadre consultatif G.U.U.A.M.-Etats-Unis � est inaugur� en tant que nouveau forum, au niveau des ministres des Affaires �trang�res. Ce forum est d�cid� lors d�une r�union entre les ministres du G.U.U.A.M. et Madeleine Albright, la secr�taire d�Etat am�ricaine, � l�occasion et en marge de la Conf�rence de l�OSCE � Vienne, qui par ailleurs est un �chec par le refus de la Russie de changer sa politique (9) . Au nouveau forum, on discute du corridor eurasien et de s�curit� r�gionale.

� partir de ce moment-l�, il ne se passe rien dans le G.U.U.A.M. sans les Etats-Unis. Le premier sommet officiel du G.U.U.A.M. se tient � Yalta (Ukraine) les 6 et 7 juin 2001. Deux jours auparavant, dans une interview organis�e par le d�partement d�Etat am�ricain, le nouveau secr�taire d�Etat Richard Armitage r�affirme le soutien am�ricain au G.U.U.A.M. (10) . Pour ce premier sommet, la signature de � la Charte G.U.U.A.M. � donne une base l�gale au groupe. La Charte fonde ses piliers dans le Communiqu� de 1997, la D�claration de 1999 et le M�morandum de 2000, et �tablit une structure organisationnelle, avec des sommets annuels des chefs d�Etats, des cessions des ministres des Affaires �trang�res comme pouvoir ex�cutif, et le Comit� des coordinateurs nationaux (CCN).

Le G.U.U.A.M. a trouv� son � parrain �, mais personne ne sait s�il va fonctionner. Le groupe reste une union informelle sans r�alisations concr�tes et �choue � devenir une v�ritable organisation.

5) Acc�l�ration de l�implication am�ricaine par les effets du 11/9

Par la suite, la g�opolitique post-11 septembre 2001 acc�l�re largement l�implication des Etats-Unis dans les pays du G.U.U.A.M.. La � connexion am�ricaine � va consolider le G.U.U.A.M., car les Etats-Unis, dans leur guerre contre les Talibans et dans la lutte anti-terrorisme, obtiennent des arrangements militaires sp�ciaux avec l�Ouzb�kistan et la G�orgie (11) . Le dialogue G.U.U.A.M.-Etats-Unis se poursuit entre les ministres G.U.U.A.M. des Affaires �trang�res et le d�partement d�Etat am�ricain, notamment repr�sent� par Lynn Pascoe, assistant d�put� au Secr�tariat d�Etat pour les affaires europ�ennes et eurasiennes (en d�cembre 2002 � Porto (Portugal), en f�vrier 2003 � Baku, et en mai 2003 � Tbilissi) (12) . Les participants discutent du � programme cadre G.U.U.A.M.-Etats-Unis � et du projet commun de � Law Enforcement � avec la cr�ation d�un centre virtuel, ainsi que de la pr�paration du 3e sommet des chefs d�Etats du G.U.U.A.M. pr�vue pour juillet 2003 � Yalta (Ukraine). Entre-temps, la Russie transforme en mai 2003 le TSC de la CEI en Organisation de s�curit� collective (OSC), consolidant ses six membres russophiles.

Le 3e sommet du G.U.U.A.M., tenu les 3 et 4 juillet 2003 � Yalta, ent�rine officiellement la collaboration du groupe avec les Etats-Unis, par la signature du � programme cadre G.U.U.A.M.-Etats-Unis �. Ce 3e sommet G.U.U.A.M. est une r�ussite mais aussi un �chec, car trois pr�sidents sont absents, seul le � noyau dur � est l� : l�Ukraine (Kuchma) et la G�orgie (Chevardnadze) (13) . La d�l�gation am�ricaine est men�e par Steven Pifer, assistant d�put� secr�taire d�Etat pour les affaires europ�ennes et eurasiennes. Les accords sign�s stipulent deux initiatives. La premi�re, c�est la protection militaire du corridor p�trolier eurasien. Les accords pr�voient l�entra�nement par l�arm�e am�ricaine d�unit�s locales anti-terroristes mobiles, pour s�curiser les pipelines, combattre le terrorisme mais aussi pour s�curiser les fronti�res et le contr�le des douanes. En G�orgie et en Azerba�djan, le Consortium charg� du corridor pourrait exiger la militarisation de la zone de pipelines par les arm�es g�orgienne et az�rie (14) . La deuxi�me initiative est la lutte antiterroriste. Les accords pr�voient la cr�ation de deux � bureaux � : � Kiev (Ukraine) un centre virtuel de lutte anti-terroriste et anti-criminelle, et � Baku un centre de syst�me d��change d�information inter-�tatique.

Conclusion 

Le G.U.U.A.M. �choue � devenir une organisation sur la sc�ne internationale. Le groupe reste opaque en soi, et ambigu sur ses v�ritables intentions. Mais son apparence � masqu�e � fait peut-�tre �cho au fait que les 4 conflits gel�s (Transnistrie, Abkhazie, Oss�tie du Sud et Haut-Karabakh) sont eux-m�me des conflits masqu�s, indirects, qui ne disent pas leur nom.

Le G.U.U.A.M. souffre aussi d�un malaise organisationnel, avec des sommets toujours retard�s et des attaques r�p�t�es de la part de la Russie sur les pays membres. C�est une alliance vuln�rable en soi. En outre, les gouvernements des pays d�Europe occidentale et les grandes compagnies p�troli�res pr�f�rent soutenir des projets de corridors de transport hors Ukraine, et c�est la Turquie qui aujourd�hui b�n�ficie du plus grand soutien et qui poss�de des pipelines d�j� en construction. (Voir le projet BTC).

Par ailleurs, sans l�aide des Etats-Unis, le G.U.U.A.M. n�existerait pas. En tant que nouvel axe d�alliance sans la Russie, il a indiscutablement des int�r�ts communs avec les Etats-Unis. Les tendances pro-am�ricaines de la G�orgie, de l'Azerba�djan ou de l'Ouzb�kistan, ne sont pas nouvelles, elles n'ont fait que se confirmer depuis les ann�es 90. Mais l'acc�l�ration de l'implantation am�ricaine en Eurasie aurait davantage de rapport avec le changement d'attitude � Washington (11/9 + Bush) qu'avec le G.U.U.A.M..

Cela dit, l��mergence et le d�veloppement du G.U.U.A.M. participent au mouvement du � basculement des influences � qui est � l��uvre aujourd�hui en Eurasie et plus particuli�rement en Transcaucasie et Asie centrale. D�une zone sous influence militaire russe, l�ensemble de la r�gion est en passe de devenir une zone sous influence militaire am�ricaine, et le G.U.U.A.M. ressemble � un pion dans cette gigantesque � man�uvre � qui pourrait faire basculer le monde. En effet, pour la premi�re fois dans l�Histoire, un Etat unique, non eurasien et puissance maritime (les Etats-Unis) est en passe de dominer la sc�ne principale du monde : une zone de l�Eurasie, la zone pivot des relations internationales, le � Heartland � des g�opoliticiens, le massif continental eurasien o� les terres sont inaccessibles aux navires des puissances maritimes (15) .

Enfin, quoi qu�il en soit, l�id�e du G.U.U.A.M. pr�suppose la r�solution des conflits gel�s, donc des n�gociations avec la Russie. Or l�hostilit� de la Russie envers le G.U.U.A.M. et l�opacit� m�me du groupe ne pr�sagent rien de bon. Le groupe serait-il en train de dispara�tre? Depuis le dernier sommet en 2003, il ne donne plus aucun signe d�activit�.

 


Notes

1. � The G.U.U.A.M. group, history and principles �, briefing paper, Washington, novembre 2000 (www.GUUAM.org ).

2. � The TRACECA overview � (www.bs-petra.org ) et � the Inogate projects � (www.inogate.org ).

3. GOBLE, Paul, � New players in Caucasus �, RFE/RL (Radio Free Europe/Radio Liberty), Prague, avril 1996 (www.rferl.org ).

4. R�union des pr�sidents du G.U.U.A.M, Communiqu� conjoint, Washington,10/10/1997,  (www.GUUAM.org ).

5. � New group of 4 arises in CIS space �, The Monitor Interview, Jamestown Foundation, Washington, 26/11/1997, (www.Jamestown.org ).

6. TORBAKOV, Igor, � G.U.U.A.M.�s loss is Russia�s gain �, The Central Eurasia Project of the Open Society Institute (OSI) of the Soros Foundation, New-York, 4/18/2001, (www.eurasianet.org) .

7. SMITH, Dr M. A. , � Geopolitical challenges to Moscow in the Transcaucasus � , Military Analysis Network, Federation of American Scientist, Washington, Septembre 1999, (www.fas.org/man).  

8. LIEVEN, Anatol, � G.U.U.A.M.: What Is It, and What Is It For? �, Eurasia Insight, New-York, 18/12/2000, www.eurasianet.org/departments/insight . La d�claration de l�ambassadeur g�orgien Tedo Japaridze lors du s�minaire organis� par RFE et Paul Goble est disponible sur www.GUUAM.org/conf/amb_geor_GUUAM_17may00.htm

9. � Unites-States-G.U.U.A.M. Forum created �, Fortnight in Review of the Jamestown Foundation, Volume VI, Issue 23, Washington, 01/12/2000, (www.Jamestown.org ).

10. RICHARDS, Ken, � Transcription of the interview of the American State Department Secretary Richard Armitage about G.U.U.A.M. �, US department of State, Office of Broadcast Services, Washington, 05/06/2001.

11. � The American connection might consolidate G.U.U.A.M. �, The Fortnight in Review of the Jamestown Foundation, Washington, novembre 2001, (www.Jamestown.org).

12. � Joint Statement G.U.U.A.M.-United States �, Washington, 24/05/2003 (www.GUUAM.org/doc/browse.html) .

13. KUZIO, Taras and BLAGOV, Sergei, � G.U.U.A.M. makes comeback bid with US support �, Eurasia Insight, New-York, 01/08/2003 (www.eurasianet.org ).

14. LADOUCEUR, Micheline , � La Militarisation des corridors de pipelines en Am�rique latine �, Globalresearch, Centre for Research on Globalization, Canada, 23/05/2003 (http://globalresearch.ca/articles/LAD305A.html ).

15. BRZEZINSKI, Zbigniew Le Grand Echiquier, l�Am�rique et le reste du monde, Editions Bayard, Paris, 1997.


Email this article to a friend

To express your opinion on this article, join the discussion at Global Research's News and Discussion Forum , at http://globalresearch.ca.myforums.net/index.php

The Centre for Research on Globalization (CRG) at www.globalresearch.ca grants permission to cross-post original Global Research (Canada) articles in their entirety, or any portions thereof, on community internet sites, as long as the text & title of the article are not modified. The source must be acknowledged as follows: Centre for Research on Globalization (CRG) at www.globalresearch.caFor cross-postings, kindly use the active URL hyperlink address of the original CRG article. The author's copyright note must be displayed. (For articles from other news sources, check with the original copyright holder, where applicable.). For publication of Global Research (Canada) articles in print or other forms including commercial internet sites, contact: [email protected]

For media inquiries: [email protected]

� Copyright belongs to the author, 2004. For fair use only/ pour usage �quitable seulement.


 

[home]