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La seule victoire en Afghanistan est celle de l'opium

La d�mocratie s'av�re une drogue moins puissante

par  Michel Chossudovsky

Aut' Journal mai  2004
www.globalresearch.ca 18 juin 2004

The URL of this article is: http://globalresearch.ca/articles/CHO406A.html


L'article ci-dessous est une traduction abr�g�e du texte de l'auteur en anglais intitul�

Washington's Hidden Agenda: Restore the Drug Trade The Spoils of War: Afghanistan's Multibillion Dollar Heroin Trade , avril 2004:  http://globalresearch.ca/articles/CHO404A.html


Depuis l�invasion sous commandement am�ricain de l�Afghanistan en octobre 2001, le trafic d�opium dans le � Croissant d�or � a grimp� en fl�che. Selon les m�dias am�ricains, cette contrebande, fort rentable, est prot�g�e par Ousama Ben Laden, les Talibans et, bien s�r, les seigneurs de la guerre, qui d�fient la communaut� internationale.

On pr�tend que le commerce de l�h�ro�ne � remplit les coffres des Talibans �. Selon le D�partement d��tat am�ricain, � l�opium constitue une source de revenu de plusieurs milliards de dollars pour les groupes extr�mistes et criminels. L��limination de la production d�opium est centrale � l��tablissement d�une d�mocratie s�curitaire et stable, et � la victoire de la guerre contre le terrorisme. �

Selon l�Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production d�opium en Afghanistan pour 2003 est estim�e � 3 600 tonnes, avec une surface cultiv�e de l�ordre de 80 000 hectares. Une r�colte plus importante est pr�vue pour 2004.

En r�action � la mont�e post-Talibans de la production d�opium, l�administration Bush a augment� ses activit�s anti-terroristes, tout en allouant des montants substantiels d�argent des contribuables aux op�rations de la Drug Enforcement Administration (DEA) en Asie de l�ouest.

Tous en ch�ur, les m�dias am�ricains accusent le d�funt r�gime islamique, sans m�me mentionner que les Talibans � en collaboration avec les Nations unies � avaient impos� avec succ�s l�interdiction de la culture du pavot en 2000. La production d�opium avait ensuite d�clin� de 90 % en 2001. En fait, l�augmentation de la culture d�opium a co�ncid� avec le d�clenchement des op�rations militaires sous commandement am�ricain et la chute du r�gime taliban. Entre les mois d�octobre et d�cembre 2001, les fermiers ont recommenc� � planter du pavot � grande �chelle.

Le succ�s du programme d��radication de la drogue en Afghanistan en l�an 2000 sous les Talibans avait �t� soulign� � la session d�octobre 2001 de l�Assembl�e g�n�rale des Nations unies. Aucun autre pays membre de l�ONUDC n�avait pu mettre en oeuvre un programme semblable.

� la suite des bombardements am�ricains de 2001 de l�Afghanistan, le gouvernement britannique de Tony Blair �tait charg� par les pays membres du G-8 de mener un programme d��radication de la drogue en Afghanistan qui devait, en th�orie, permettre aux paysans afghans de passer de la production d�opium � des cultures alternatives. Les Britanniques travaillaient de Kaboul en relation �troite avec la DEA am�ricaine.

Le programme britannique d��radication des cultures est un �cran de fum�e. Depuis octobre 2001, la culture de pavot a augment� en fl�che. La pr�sence des forces d�occupation en Afghanistan n�a pas eu pour effet l��limination de la culture du pavot. Au contraire.

Sous les Talibans, la prohibition avait en effet caus� � le d�but d�une p�nurie d�h�ro�ne en Europe vers la fin de 2001 �, comme l�admet l�ONUDC.

L�h�ro�ne est un commerce de plusieurs milliards de dollars support� par des int�r�ts puissants, qui requiert un flux r�gulier et s�curitaire de la marchandise. Un des objectifs � cach�s � de la guerre �tait justement de restaurer le trafic de la drogue, parrain� par la CIA, � ses niveaux historiques et d�exercer un contr�le direct sur les routes de la drogue.

En 2001, sous les Talibans, la production d�opiac�s s��levait � 185 tonnes, pour ensuite grimper � 3400 tonnes en 2002 sous le r�gime du pr�sident Hamid Karzai, marionnette des �tats-Unis.

Tout en soulignant la lutte patriotique de Karzai contre les Talibans, les m�dias omettent de mentionner qu�il a d�j� collabor� avec ces derniers. Il a aussi d�j� �t� � l�emploi d�une p�troli�re des �tats-Unis, UNOCAL. En fait, depuis le milieu des ann�es 1990, Hamid Karzai agissait comme consultant et lobbyiste pour UNOCAL dans ses n�gociations avec les Talibans.

Selon le journal saoudien Al-Watan, � Karzai �tait un agent en sous-main de la Central Intelligence Agency � partir des ann�es 1980. Il collaborait avec la CIA en acheminant de l�aide am�ricaine aux Talibans � partir de 1994, quand les Am�ricains, secr�tement et � travers les Pakistanais, supportaient les vis�es de pouvoir des Talibans. �

Il est pertinent de rappeler l�histoire du trafic de drogue dans le Croissant d�or, qui est intimement li� aux op�rations clandestines de la CIA dans la r�gion.

Avant la guerre sovi�tico-afghane (1979-1989), la production d�opium en Afghanistan et au Pakistan �tait pratiquement inexistante. Selon Alfred McCoy, il n�y avait aucune production locale d�h�ro�ne.

L��conomie afghane de la drogue fut un projet minutieusement con�u par la CIA, avec l�assistance de la politique �trang�re am�ricaine.

Comme il a �t� r�v�l� par les scandales Iran-Contras et de la Banque de Commerce et de Cr�dit international (BCCI), les op�rations clandestines de la CIA en support aux moujahidins avaient �t� financ�es � travers le blanchiment de l�argent de la drogue.

L�hebdomadaire Time r�v�lait en 1991 que � parce que les �tats-Unis voulaient fournir aux rebelles moujahidins en Afghanistan des missiles Stinger et d�autres �quipements militaires, ils avaient besoin de l�enti�re coop�ration du Pakistan. � � partir du milieu des ann�es 1980, la pr�sence de la CIA � Islamabad �tait une des plus importantes dans le monde. Un officier du renseignement am�ricain avait confi� au Time que les �tats-Unis fermaient alors volontairement les yeux sur le trafic de l�h�ro�ne en Afghanistan.

L��tude d�Alfred McCoy confirme qu�en l�espace de deux ans apr�s le d�clenchement des op�rations clandestines de la CIA en Afghanistan, en 1979, � les r�gions frontali�res entre le Pakistan et l�Afghanistan devinrent la premi�re source mondiale d�h�ro�ne, fournissant 60 % de la demande am�ricaine. �

Selon McCoy, ce trafic de drogue �tait contr�l� en sous-main par la CIA. Au fur et � mesure que les moujahidins gagnaient du terrain en Afghanistan, ils ordonnaient aux paysans de planter de l�opium comme une taxe r�volutionnaire. � cette �poque, les autorit�s am�ricaines refus�rent d�enqu�ter sur plusieurs cas de trafic de drogue par leurs alli�s afghans. En 1995, l�ancien directeur des op�rations de la CIA en Afghanistan, Charles Cogan, a admis que la CIA avait en effet sacrifi� la guerre � la drogue � la Guerre froide.

Le recyclage de l�argent de la drogue par la CIA �tait utilis� pour financer les insurrections post-Guerre froide en Asie centrale et dans les Balkans, y compris Al Quaeda.

Les revenus g�n�r�s par le trafic de la drogue afghane commandit� par la CIA sont consid�rables. Le commerce afghan des opiac�s constitue une grande part des revenus annuels � l��chelle mondiale des narcotiques, estim�s par les Nations unies � un montant de l�ordre de 400 ou 500 milliards. Au moment o� ces chiffres de l�ONU furent rendus publics (1994), le commerce mondial estim� de la drogue �tait dans le m�me ordre de grosseur que celui du p�trole.

Selon des chiffres de 2003 publi�s par The Independent, le trafic de la drogue constitue le troisi�me commerce le plus important en argent apr�s le p�trole et la vente d�armes.

Il existe de puissants int�r�ts commerciaux et financiers derri�re la drogue. De ce point de vue, le contr�le g�opolitique et militaire des routes de la drogue est aussi strat�gique que celui du p�trole et des ol�oducs.

Cependant, ce qui distingue la drogue des commerces l�gaux est que les narcotiques constituent une source majeure de richesse non seulement pour le crime organis�, mais aussi pour l�appareil de renseignement am�ricain, qui constitue de plus en plus un acteur puissant dans les sph�res bancaires et de la finance.

En d�autres mots, les agences de renseignements et de puissants groupes d�affaires alli�s au crime organis� se livrent une concurrence pour le contr�le strat�gique des routes de l�h�ro�ne. Les revenus de plusieurs dizaines de milliards de dollars provenant du commerce de la drogue sont d�pos�s dans le syst�me bancaire occidental.

Ce commerce peut seulement prosp�rer si les principaux acteurs impliqu�s dans la drogue ont des � amis politiques aux plus hauts niveaux �. Les entreprises l�gales et ill�gales sont de plus en plus imbriqu�es, la ligne de d�marcation entre � gens d�affaires � et criminels est de plus en plus floue. En retour, les relations entre les criminels, les politiciens et des acteurs du milieu du renseignement ont teint� les structures de l��tat et le r�le de ses institutions.

L��conomie de la drogue en Afghanistan est � prot�g�e �. Le commerce de l�h�ro�ne faisait partie des plans de guerre. Ce que cette guerre aura accompli, c�est le r�tablissement d�un narco-r�gime dirig� par un gouvernment fantoche soutenu par des �tats-Unis.


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